Mon manifeste
J'ai perdu mon âme d'enfant le jour où j'ai cessé de m'écouter. Ma passion s'est étouffée sous la comparaison toxique, l'ego, le marketing, les conditions déplorables et la promesse mensongère des paillettes.
L'art de la prestidigitation est réduit aujourd'hui à une marchandise, à "un truc rentable", une prouesse que tout le monde peut prétendument réaliser "sans entraînement" - "sans manipulation" - "immédiatement". Adieu la poésie du geste, adieu la lenteur de l'apprentissage.
Le culte du travail, de l'entraînement patient, du temps nécessaire pour maîtriser une technique ou affiner un jeu d'acteur n'est plus à la "mode".
Aujourd'hui, on cherche le dernier gadget sur les nombreux sites de vente qui fera notre "renommée". Les magiciens vendent leurs idées via PDF, les cours se sont dématérialisés, et le partage entre magiciens n'a jamais été si proscrit.
— Une idée ? Monétise-la vieux fou !
Il n'y a plus de mystère, hélas, aujourd'hui tout se révèle en "un seul clic". Et dans ce vide de mystère... Des tas de "néo-magiciens" se filment actuellement sur Youtube, Instagram ou encore Tiktok, sans émotion, sans public, sans âme, dans l'espoir d'avoir quelques vues, une reconnaissance quelconque et une dose dopaminergique journalière qui en découle. Eh oui... Je suis également passé par là. Je crois en fin de compte que nous sommes devenus des mendiants assoiffés de likes, sacrifiant l'âme de notre art sur l'autel toujours plus grand de l'algorithme.
Le Plus Grand Cabaret du Monde a finalement tiré sa révérence, laissant derrière lui qu'une scène peuplée de "petits bonhommes en mousse" "
Nous ne créons plus pour émerveiller, mais pour être vu, scroll après scroll, dans l'espoir pathétique d'exister quelques secondes dans le regard de personnes que nous ne connaissons même pas. Tout cela me rappelle tristement la célèbre phrase de Chuck Palahniuk qui m'avait fortement impactée sur la réalité de notre monde et qui disait:
"We buy things we don't need with money we don't have to impress people we don't like."
Internet est bel et bien devenu le théâtre du monde ET celui qui refuse d'y danser se condamne à l'invisibilité artistique.
Voilà donc la raison de ma "Dés-illusion".
Plus jeune, j'ai presque abandonné la magie. Lors de mes voyages, j'ai découvert, rencontré. J'ai milité pour la planète, pour les animaux et pour les hommes. J'ai découvert un état d'esprit nouveau mais surtout un monde à la fois brisé par la destruction et illuminé par des merveilles.
Aujourd'hui, mon objectif est de retrouver l'émerveillement originel de ce gamin qui passait des semaines sur un simple jeu de cartes, dans sa chambre, à retravailler pour la énième fois le même mouvement. Non pas le retrouver pour l'isoler à nouveau, bien au contraire, mais pour lui dire que j'ai besoin de lui car le combat est plus que jamais nécessaire, car ce dernier est aujourd'hui écologique, politique et social.
Je suis ici, en dehors des réseaux sociaux, pour écarter mes dissonances et partager un cheminement, une philosophie de vie magique et personnelle.
Je souhaite broder une magie brute, simple et engagée. Retrouver du sens dans les gestes simples, réapprécier le silence et la lenteur de l'apprentissage et reprendre goût au partage humain.
Je ne souhaite plus que mon art soit au service de l'économie de marché. Je veux qu'il soit au service du réenchantement, qu'il apporte une parenthèse de beau dans ce monde et qu'il donne le courage et la force aux gens de vivre en adéquation avec leurs valeurs, de jouir pleinement de la vie malgré le rythme harassant que le monde, dans son hypocrisie, nous impose.
Mon but sera de vous tromper, afin de vous inciter à la Ré-illusion.
C'est sur la route que nos chemins se croiseront, et j'espère alors que les mots et les sourires remplaceront les images,
sans Hashtags.
le 14 décembre 2025
Tony Montéro